Une courte sortie pour aller chercher le pain à notre boulangerie habituelle ne nous empêche pas de lever la tête en l’air !
Sur le littoral de petits groupes de Grands cormorans continuent à remonter vers le nord. Bien des adultes à la tache claire bien visibles sur la cuisse et sur le crâne sont déjà passé en mars. C’est au tour maintenant des immatures au ventre clair, moins pressés puisque sans « engagement reproducteur ». Leur destination sont les grandes colonies aux Pays ou au Danemark, les oiseaux scandinaves longeant plutôt les côtes. Les colonies dans les arbres ou celles sur les falaises calcaires sont réoccupées. Transport de branches, couvaison pour certains, les cormorans nichent tôt même si cette année les vents d’ouest ou la bise de ces derniers jours ont bien contrarié leurs plans.
Une discussion (à distance) dans la rue avec des connaissances ou des inconnus nous apprend que des oies cendrées sont encore vus en vol vers le nord. Là aussi se sont aussi les derniers groupes, les plus nordiques ou avec une majorité d’immatures. Particularité de ces oiseaux très fidèles, les oiseaux s’accouplent souvent la première année mais ne vont pas nicher souvent pas avant trois ans mais ils restent tout de même tout ce temps en couple. Besoin social fort que l’on retrouve dans les vols migratoires, dans l’apprentissage de la migration pour les jeunes, dans la perte d’un conjoint qui est souvent irréversible pour celui qui reste. Un jardinier est content de me dire que les Bergeronnettes grises sont revenues autour de son chalet où elle apprécie de nicher. L’hiver elles sont en effet dans la péninsule ibérique ou dans le sud de la France même si quelques-unes isolées maintenant hivernent chez nous notamment en ville ou sur le littoral. Le taux de sédentarité est d’autant plus élevé que l’on gagne les zones méridionales. Mais se sont souvent en hiver celles de la sous espèce de Yarrell qui se reproduit en Grande Bretagne et qui a le dos très noir au lieu de gris. Au 19ème siècle sa présence hivernale était inconnue chez nous et il semble que ce soit depuis le début des années 1990 qu’elle se soit installée. Toujours sur le trottoir, et toujours à distance, à parler « bestioles de toutes plumes et poils un miaulement nous fait de nouveau lever les yeux au ciel. Il est rare que les chats volent…même un premier avril !
Des Mouettes mélanocéphales survolent le village. Elles aussi ont retrouvé leurs colonies. Elles se déplacent chaque fin de matinée vers les champs alentours pour se nourrir surtout de larves et de vers de terre. Posées au sol suivant un tracteur préparant les semis on remarque sa tête noir foncé et son bec rouge sang qui la différencie bien de la Mouette rieuse. Mais n’oublions pas de prendre le pain…Un autre jour on parlera encore nature chez notre producteur local de viande ou notre maraîcher…Que voulez-vous à la campagne c’est un sujet récurrent … Antidote moral et ouverture d’esprit aujourd’hui, de ces gestes pourtant naturels…et vieux comme le monde.
Les périodes ensoleillées de début avril ne sont pas pour déplaire aux premiers papillons malgré le vent. Après le connu papillon Citron qui porte bien son nom, le papillon Aurore nous apporte une touche orangée. Le mâle est en effet blanc avec une tache avec le bout des ailes orangé. Extrêmement actif il part à la recherche de femelle blanche avec la pointe des ailes sombres (c’est une espèce de la famille des Piérides comme celle bien connue du chou). Sortir aussi tôt correspond à la floraison et au développement maximale de la plante hôte pour recevoir les œufs : la Cardamine des prés et à d’autres crucifères comme la Moutarde sauvage. Chaque œuf est pondu de manière isolé la base du bouton floral de la plante. Après une rapide semaine d’incubation la petite « chenillette » va vite se développer pour prendre une couleur verte qui la fait passer inaperçu. Après s’être transformée en chrysalide, elle ne sera un papillon que dans dix mois l’année prochaine (une seule génération pour cette espèce). Dans certains marais boisés c’est la Grande Tortue qui est de sorti, ce papillon orangé moucheté de noir qui devient rare en France.
En avril, il n’est pas un étang qui n’accueille au moins un couple de Grèbe huppé. C’est certainement un de nos oiseaux aquatiques les plus élégants et facile à observer. Le plus fascinant à cette époque est sa collerette de plumes rousses bordée de noir rehaussée d’une huppe. Il semble tout droit sorti d’une cour royale de courtisans. On se prête à rêver d’être à une sortie en groupe, à papoter, à regarder ensemble à la longue vue ces oiseaux se prêtant à leurs parades nuptiales. Ce sera pour demain, quand ce mauvais vent mondial se sera essoufflé pour s’éteindre.
Philippe Caruette 30 mars 2019 crédit photo S Bouilland