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En mai la nature en pleine activité !

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MAI nous a fait profiter de belles journées chaudes nécessaires à l’ensemble de la nature et notamment à la base de la chaîne alimentaire que sont végétaux et insectes. La chaleur est nécessaire pour qu’ils soient actifs, mais aussi pour le développement et la croissance des larves ou des chenilles. Organismes simples, les invertébrés ont des pouvoirs d’adaptation remarquables. Une journée grise et froide vous pouvez ne pas voir un papillon ou une libellule et le lendemain avec le beau temps retrouvé toutes les espèces redeviennent actives. Il semble d’ailleurs que cette année bénéficiant du beau mois d’avril, les libellules soient un peu plus nombreuses, optimisme à modérer vu la situation atteinte au plus bas ! Les Merles noirs entament déjà leur deuxième couvée. Il est comique de voir la femelle le bec chargé de mousses, brindilles, allant même jusqu’à mouiller de la terre pour faire liant. Le nid en coupe sera bien dissimulé à proximité du lieu de récolte au cœur d’une haie ou d’un buisson touffu. Les jeunes de la première couvée sont déjà indépendants. Dans cette même haie les jeunes Accenteurs mouchets sont aussi de sortie. Vous avez longtemps entendu le cri plaintif et lancinant des adultes sur une seule note quand vous étiez trop près du nid sans vous en rendre compte.

Les Hirondelles rustiques arrivées dès fin mars début avril nourrissent leur première couvée tout comme les Mésanges bleues. C’est un « travail à plein temps » du lever du jour au coucher du soleil où les deux adultes sont indispensables. La croissance des jeunes est rapide du fait d’un apport massif et régulier de protéines animales. Si un des adultes disparaît, la nichée est généralement condamnée. D’autres comme les espèces granivores ne sont encore qu’à la construction du nid ou à la couvaison comme les linottes, moineaux ou bruants.

Au cœur des roselières, le Busard des roseaux commence à couver. La femelle niche au sol dans une zone de phragmitaies la plus calme possible. Le mâle au beau plumage gris et marron vient régulièrement la ravitailler au nid. C’est là, quand le mâle passe au-dessus d’elle l’obligeant à le rejoindre, que l’on peut voir le spectaculaire échange de proies en plein vol. Malgré son nom, du moins chez nous, il n’est pas spécifiquement attaché au marais. Les adultes vont souvent chasser sur les plateaux agricoles en compagnie du Busard Saint Martin ou du plus rare Busard cendré. Depuis le début des années 1990, des couples de Busards des roseaux vont même nicher dans les champs de céréale. Dans la roselière le nid est constitué d’une épaisse couche de tiges de phragmites amenées dans les serres par les deux adultes pour former une plateforme flottante parfaitement étanche. Après 33 jours d’incubation par la femelle, les 4 ou 5 petits vont être nourris par les deux parents pendant 50 jours, avec pourtant au final souvent un fort taux de mortalité notamment lors des printemps froids et pluvieux. Mais au début la femelle reste souvent au nid pour le défendre et donner la becquée aux jeunes, ce que le mâle ne s’est pas faire. Des études poussées sur cette espèce notamment en Charente maritime et en Pologne ont montré que certains mâles âgés pouvaient être polygames et s’occuper de deux nids parfois distants de plus de deux kilomètres. Seuls les meilleurs chasseurs sur des territoires riches sont capables d’une telle prouesse.

Sur les chemins bordurés de saules, on voit se « traîner » la chenille cossue gâte bois. C’est une des plus grosses chenilles d’Europe. Son aspect grosse larve dodue au dos sombre et dessous rose orangé en ferait sans nul doute une star de Kohlanta ! Elle a fait pendant deux ans toute sa croissance dans un tronc mourant de saule où elle digère le bois mort. Mai est la période où elle sort de son monde arboricole pour se métamorphoser dans le sol. Prêtez aussi bien attention aux feuilles des Aulnes glutineux. Elles renferment des trésors vivants en la personne de la Galéruque de l’Aulne. Cette petite chrysomèle à la carapace bleu luisante régale des feuilles tendres mais amères de l’Aulne glutineux que les herbivores délaissent. Voraces, elles transforment le feuillage en dentelles y laissant que les nervures.  Après la ponte d’une cinquantaine d’œufs, une ou deux semaines plus tard vont naître des larves grisâtres puis noires qui vont rester en grouper pour se gaver…de feuilles d’aulnes ! Voilà une spécialisation forte qui a contourné l’amertume de la plante qui est généralement délaissée par la majorité des herbivores.

On attend toujours les forts passages de limicoles de mai comme les chevaliers, Barges rousses, Bécasseaux maubèches qui semblent avoir du retard ou se sont déplacés de manière plus diffuse. Même si les conditions météorologiques étaient favorables chez nous, il est certain que ces limicoles vont réagir avant tout aux conditions où ils se tiennent stationnement principalement à cette période sur les estuaires de la façade atlantique. Débat bien ignoré des oiseaux, les discussions et analyses continuent dans le monde scientifique sur l’orientation des oiseaux migrateurs. Si le rôle de la lumière est capital, la détection de l’inclinaison des champs magnétiques est toujours un élément essentiel à préciser, notamment le rôle d’une protéine photo active : le cryptochrome. Il semble que la présence de cristaux d’oxyde de fer sensibles au champs magnétique dans la rétine ou les zones auriculaires ou nasales.  L’utilisation directe de l’odorat, semblent pour l’instant plutôt réfutées…Les mystères de la migration semblent encore avoir de bien longues années de trésors à découvrir d’autant plus que toutes les espèces ne réagissent pas de la même façon et s’adaptent, pour avoir la meilleure solution à cette activité vitale. Comme le disait le célèbre biologiste Wolfgang Wiltschko « Les pigeons sont opportunistes, ils utilisent ce qui les arrange. Ni le magnétisme ni les odeurs ne font tout »

P Caruette 11mai 2020 crédit photo S Bouilland