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La migration de la barge à queue noire

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Tout comme mars, avril est bien ce mois des incertitudes saisonnières entre fin d’hiver et printemps. Mais c’est aussi le mois de l’année où chez les oiseaux on peut rencontrer les trois cycles de vie : certaines espèces finissent leur hivernage, d’autres passent activement en migration alors que bien des espèces revenues ou sédentaires entreprennent leur nidification.

Il est des migrations de petits échassiers aussi spectaculaires qu’éphémères. Les barges à queue noire arrivent en nombre dans les Hauts-de-France en provenance des basses vallées angevines où elles ont fait une longue  halte sur ces remarquables prairies inondables s’étendant sur 6000 hectares dans le Maine et Loire. D’autres ont stationné dans la baie de l’Aiguillon en Vendée. Elles peuvent être le matin quelques centaines et le soir même disparaître. Leur long bec étroit, très tactile à l’extrémité, permet d’extraire larves, insectes et autres invertébrés dans le sol meuble voire quelques graines. La majorité viennent déjà du continent africain et vont rejoindre les polders du centre et du nord des Pays-Bas, d’Allemagne du nord et du Danemark. C’est là que leur magnifique vol nuptial va s’exprimer lorsque les couples défendent leur territoire posés sur des piquets de clôture. Sur leur poitrine le plumage se teinte des nuances roussâtres chaudes des futures noces. Il ne reste que 110 à 145 couples nicheurs en France, très localisés.

Si la barge à queue noire survit encore aujourd’hui en Europe de l’Ouest ce n’est que grâce au maintien des prairies et bas marais « à fleur d’eau » ; deux milieux de vie qui dépendent de l’activité d’élevage et de la bonne volonté des hommes. Un peu plus tard, ce seront les barges à queue noire nichant en Islande qui traverseront notre pays en passant par l’Angleterre et l’Ecosse. Cette sous-espèce est très sensible aux conditions atmosphériques. Certaines années comme en 2015, bien des oiseaux restent bloqués en Ecosse par le mauvais temps, alors que ceux qui sont tout de même arrivés dans les bas marais ou terres agricoles islandaises vont pour la plupart échouer dans leur reproduction tant les conditions sont extrêmes avec la neige et le fort vent encore présents cette année là en mai.

Crédit  photo Stéphane Bouilland