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La vie du héron garde bœuf.

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 Ces petits hérons blancs ont en effet l’habitude de suivre les troupeaux d’animaux domestiques ou sauvages pour capturer entre leurs pattes les proies potentiellement dérangées (insectes, batraciens, lézards ou micro-mammifères). Par contre ils ne déparasitent pas les herbivores sur leur dos, qui n’est pour l’oiseau qu’un perchoir ambulant, un point de vue bien pratique pour se reposer tout en surveillant de haut les environs.  Même si parfois il capture des taons et autres insectes sur le museau des bovins au repos. Entre temps les oiseaux avaient traversé l’Atlantique et coloniser les Antilles et le continent sud-américain. De 1994 à 2007 l’effectif national passe de 2300 couples à près de 15.000 couples ! Malgré des hivers rigoureux, le Héron gardeboeuf s’accroche à son bastion picard, une des colonies les plus nordiques au monde, faisant même des excursions reproductrices maintenant en Angleterre, en Belgique et aux Pays Bas. Si les premières années froides des années 1990, les oiseaux mourraient de faim sur place, rapidement ils ont su filer plein ouest vers la Grande Bretagne et l’Irlande pour échapper aux frimas. Nos dernier hiver doux ontde nouveau redynamiser la population. Un recensement hivernal récent au dortoir sur l’ensemble du littoral picard permet de chiffrer à près de 1000 le nombre d’individus présents, pour plus d’une centaine de couples nicheurs répartis en 4 grandes colonies. Des oiseaux nichent maintenant dans l’Oise et dans l’Aisne Il faut dire que c’est le seul héron au monde à être capable de faire deux couvées régulières par an notamment dans les colonies pionnières comme les notres où le potentiel d’expansion est le plus fort. Des jeunes peuvent ainsi être encore au nid fin août début septembre ! Ainsi fin août de cette année il restait encore au moins 3 couples de Hérons garde-bœufs qui nourrissaient de grands poussins dans la héronnière du Parc du Marquenterre. Néanmoins, il reste intimement lié aux riches prairies et au bétail, milieu certes humanisé, mais qui est de très loin le plus menacé dans notre région et en France du fait du déclin de la pratique de l’élevage extensif de qualité, garant de diversité écologique mais aussi humaine et sociétale pour notre monde rural. Comme quoi économie durable et écologie peuvent aussi être, souvent par simple bon sens, très loin d’être incompatibles mais complémentaires pour leur survie mutuelle.        

P Carruette 20 septembre 2022 crédit phot S Bouilland