black-tailed-godwit-4115605_640_1

L’arrivée des barges à queue noire.

Partager

Mars est bien ce mois des incertitudes saisonnières entre hiver et printemps. Mais c’est aussi le seul mois de l’année où chez les oiseaux on peut rencontrer vraiment les trois cycles de vie : certaines espèces finissent leur hivernage encore, d’autres passent en migration alors que quelques-unes commencent déjà à nicher.
Il est des migrations d’échassiers aussi spectaculaires qu’éphémères. Les Barges à queue noire arrivent en nombre dans notre région en provenance des basses vallées angevines où elles ont fait une longue halte sur ces remarquables prairies inondables. Elles peuvent être là le matin quelques centaines et partir dès le soir même. Leur long bec étroit très tactile à l’extrémité permet d’extraire larves, insectes et autres invertébrés du sol meuble. La majorité va partir nicher sur les polders hollandais, allemands et danois. C’est là que leur magnifique vol nuptial va s’exprimer lorsque les couples défendent leur territoire posé sur des piquets de clôture. Sur leur poitrine le plumage se teinte alors des nuances roussâtres des futures noces. Environ 165 couples nichent en France (Loire Atlantique, Vendée…) avec de manière exceptionnelle un couple dans la basse vallée de la Somme. La principale menace sur cette espèce reste surtout la perte de l’habitat. Un lieu comme le marais poitevin a perdu ainsi en l’espace de 40 ans plus de 35.000 hectares de prairies humides et son cortège d’éleveurs bovins indispensable à leur maintien ! Si la Barge à queue noire survit aujourd’hui ce n’est que grâce au maintien des prairies pâturées et marais à « fleur d’eau » ; deux milieux de vie qui dépendent totalement de la bonne volonté des hommes.

P Carruette 1 avril 2021 crédit photo Elsemargriet