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Le vautour fauve

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En montagne, c’est le cas des vautours fauves qui ont rejoint leur falaise ancestrale de nidification. Lieu bien exposé au soleil du matin, favorable aux vents en thermiques (pour faciliter atterrissages et décollages) mais bien protégés des intempéries, avec replats et cavités pour construire un nid sommaire. Ces grands rapaces n’atteignent l’âge de la première reproduction qu’à 4 ou 5 ans parfois même plus tard. Les parades aériennes avec vols en duo à laquelle peuvent participer plusieurs couples est une vraie activité sociale et peut commencer dès décembre. Les manifestations territoriales se limitent à la défense du périmètre du nid dans la colonie (prévention du vol de matériaux de construction). La ponte n’est constituée que d’un œuf unique couvé par les deux partenaires durant 48 à 60 jours.

Ces charognards sont spécialisés dans la recherche de cadavres de grands ongulés repérés à la vue. Les dernières chutes de neige exceptionnelles dans les massifs vont augmenter la mortalité des chamois et des bouquetins tant par la difficulté accrue de trouver la nourriture que lors des avalanches. Cela sera une aubaine pour les vautours à condition que les carcasses ne soient pas totalement recouvertes par la neige immédiatement. Ces sources de nourriture gelées seront de toute façon retrouvées à la fonte des neiges juste en pleine période du long élevage (plus de 3 mois !) de l’unique poussin. La longueur de cycle reproducteur impose aux adultes nicheurs une sédentarité constante. Heureusement ces charognards ont une capacité de jeûne et de limitation des dépenses énergétiques exceptionnelles. Un oiseau pourtant d’une masse de 10 kg peut se contenter de 100 à 150 grammes de nourriture par jour ! Leur vol plané peut les entraîner sans aucune dépense d’énergie à des dizaines de kilomètres pour trouver des carcasses.

Aujourd’hui plus de 1 600 couples de vautours fauves nichent en France alors qu’en 1969 il ne restait que 60 couples dans les Pyrénées en vallée d’Ossau. Des populations réintroduites dès 1981 dans les Grands Causses puis dans les Baronnies, le Vercors et les gorges du Verdon sont maintenant prospères et les bergers peuvent déposer leurs cadavres de brebis dans des placettes d’équarrissage naturel. Les cas d’attaques sur des brebis ou des bovins en vêlage restent exceptionnels et liés à des stress alimentaires (notamment suite à la suppression temporaire de ces placettes en Espagne) augmentant l’agressivité des oiseaux affamés. On retrouve ce phénomène de prédation totalement anormale sur des brebis dans le Cantal avec une surconcentration de grands corbeaux du fait de la présence d’un centre d’enfouissement de déchets. Les oiseaux d’habitude en couples cantonnés et fortement territoriaux se retrouvent en promiscuité exacerbant chez certains une forte agressivité prédatrice.

Ph. Carruette – 2 février 2021