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Un début d’été sec!

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Ce début d’été tient pour l’instant toutes ses promesses…puisqu’il est sec ! Les pluies estivales à vrai dire ne profitent d’abord qu’à la végétation et non aux nappes phréatiques. La distribution hydrique est néanmoins très disparate selon les secteurs géographiques régionaux même à quelques kilomètres de distances avec les pluies et orages localisées. Nombre de fossés, mares et bas marais sont bien à sec. La vase craquelée prend des formes géométriques déjà parsemées de premières pousses très vertes. Des plantes comme la sagittaire ou la renoncule scélérate apprécient ces assecs pour se développer sur des sols riches. Les batraciens hormis pour la Grenouille verte, ont pris leur cycle de vie terrestre qui fait qu’il ne faut pas être étonné de voir un crapaud dans votre jardin ou une Grenouille rousse loin de toute source d’eau. Ils sortent alors plutôt de nuit à la fraîche pour protéger leur peau fine des rayons du soleil. Ils profitent aussi de la rosée du matin pour capturer limaces et autres invertébrés. Les premiers limicoles en pleine migration apprécient aussi les niveaux d’eau bas et les vasières. Pas d’inquiétude la nature prépare aussi l’avenir. La vase mise à l’air libre se minéralise mieux produisant ainsi un désenvasement naturel. Les pluies naturelles de fin d’été et d’automne seront par contre attendues et plus que souhaitables. L’eau va recouvrir progressivement ses terres assoiffées permettant aux graines et particules végétales au sol de flotter en surface. Voilà un véritable futur « caviar » pour les canards colvert, Chipeaux ou Sarcelles d’hiver qui arrivent justement en migration et sont en mue à cette époque. Si tout va bien dans notre climat, chaque saison prépare naturellement en effet la suivante par ces conditions particulières.

Sur les dunes littorales, si le sable est toujours sec en surface, en profondeur se loge de grandes réserves d’eau. La dune est comme une éponge qui accumule l’eau en période d’abondance et la restitue en période sèche. Les pannes (dépression entre deux massifs dunaires) sont elles aussi en période d’assec puisque leur mise en eau est tributaire du rechargement en eau de la nappe phréatique. C’est pourtant en été que la végétation des dunes est la plus diversifiée. L’Onagre de Lamarck est la plus visible. Ces grandes corolles jaunes s’épanouissent le soir (elle est dénommée evening star en anglais) illuminant les sables. Chaque fleur ne dure qu’une journée vite relayée le lendemain par une autre. C’est le temps bien suffisant pour attirer une foule de papillons nocturnes attirés par leur discret parfum vanillé. Cette belle du soir n’est pourtant pas locale. Elle fut importée au 18ème siècle comme plante d’ornement depuis le sud des Etats Unis. Elle y est cultivée pour la récolte de ses abondantes petites graines riches en acides linoléiques utilisés pour la santé de la peau. De grands séneçons jacobée se font dévorer par quelques chenilles au costume orange et noir « des frères Dalton ». Le papillon nocturne Ecaille du Seneçon se moque bien de la toxicité de cette plante (elle contient de la jacobine substance dangereuse pour le foie) puisque l’insecte a tous ces stades est lui-même toxique ! Sur les dunes les superbes liserons soldanelles portent leurs jolies fleurs roses. Ils accompagnent souvent la plus discrète Violette de Curtis aux allures de délicate pensée. Dans les zones plus basses et planes le sol est recouvert d’un tapis rose de Centaurée du littoral et de Mouron délicat. Ailleurs c’est le blanc qui domine avec la Parnassie des marais en début de floraison, véritable trésor régional. C’est en effet une relique glacière encore abondante en montagne d’où son nom faisant allusion au mont Parnasse en Grèce. Nombre de ces espèces ont une protection régionale ou nationale, évitons donc de les cueillir. D’ailleurs ces plantes des dunes se fanent bien vite surtout dans un vase ! Laissons-les alors donner bien des couleurs à nos site de vacances !

Ces longues périodes de beau temps ont été des plus favorables aux insectes. On retrouve ainsi, tout du moins dans les habitats encore favorables, des densités de libellules ou de papillons importantes. Ce ne peut qu’être favorables aux passereaux. Dans les haies, jardins ou fourrés dunaires les jeunes merles, mésanges, fauvettes à tête noire sont légions. Leurs cris bruyants sont autant de contacts avec les parents durant ces quelques jours d’émancipation à hauts risques. Il est rassurant cette année de voir la multitude de ces nouvelles générations après les printemps froids et pluvieux de ces dernières années défavorables à la nidification. Même si dans ces jeunes classes d’âge la mortalité sera forte, l’avenir sera toujours plus assuré qu’en période de pénurie. Les prédateurs de passereaux comme l’Epervier ou le Faucon hobereau sont automatiquement aussi bien présents et eux aussi finissent à l’aire d’élever leurs grands poussins.  Après 35 jours d’incubation assurée que par la femelle nourrie par le mâle, il faudra attendre quatre semaines pour que les 3 ou 4 jeunes éperviers prennent leur envol. Mais ils seront encore discrètement nourris par les deux adultes à proximité du nid pendant un mois. Trois longs mois où les proies devront être particulièrement abondantes pour ce chasseur exclusif d’oiseaux. Un Circaète Jean le Blanc est présent depuis quelques jours au parc du Marquenterre.  C’est un grand prédateur quasi exclusif de serpents, et on peut bien se demander qu’elle peut-être sa nourriture dans notre région bien pauvre en reptiles ? L’espèce a tendance à remonter progressivement vers le nord et est depuis 2016 observée chaque année sur notre littoral à cette période. 

P Caruette 5 juillet 2020  Crédit photo S. Bouilland