2018_04_20_chantilly_journee_plantes_052-sm

Une mangeoire en cadeau ?

Partager

Un coup de froid, premières petites vraies gelées, sont une bonne occasion d’offrir comme cadeau pour la fin de l’année…une mangeoire à passereaux. Choisissez là (ou construisez-la) toujours avec un toit qui protégera la nourriture des intempéries. Vous la disposez sur un piquet au centre du jardin près d’arbustes mais aussi visible de votre fenêtre de cuisine ou de séjour. Question approvisionnent, faites simple, très simple : les graines de tournesol conviennent à tous. Verdiers, Pinsons des arbres, mésanges ou Sitelle torchepot. La scène est disposée, vous n’avez plus qu’à vous mettre dans votre fauteuil et le film est toujours garanti de qualité sans risque de zapping !  Au bout de quelques jours virevoltent le petit peuple des passereaux. Les mésanges charbonnières sont les plus nombreuses, chaque arrivée au poste de nourrissage déclenche un gonflement de plumes, ailes et queue écartées pour défendre sa place à table. Remarquez que chez cette espèce le mâle a une large cravate noire au milieu du ventre jaune, cravate plus fine chez la femelle. Il est agréable de les voir coincer une graine entre leurs doigts grêles pour la décortiquer. Des morceaux de gras de bœuf crus et surtout non salés ou des boules de graisse permettront d’autres acrobaties au peuple des mésanges. Des conifères à proximité seront appréciés des Mésanges huppées ou noires. Plus discrète, au plumage gris cendre, la mésange nonnette fait son apparition à la mangeoire par couple. Pommes pourries ou poires flétries déposées au sol feront naître querelles et postures d’intimidation aux merles et Grive musicienne, vite départagés par les Etourneaux au « savoir vivre » limité.

La mangeoire est un véritable laboratoire comportemental (l’éthologie animal). Ainsi un Verdier qui prend position dans la mangeoire ne cède la table à personne. Des cris d’alerte perçants, un silence total, l’Epervier vient de passer une boule de plume encore chaude entre les serres. Un de vos convives sera définitivement absent pour s’insérer dans la chaîne alimentaire de la vie. C’est l’équilibre proie prédateur qu’il faut accepter. Rassurez-vous là où vous voyez 8 ou 10 mésanges à votre mangeoire, c’est souvent bien plus du double ou du triple qui est réellement présent. Grâce au baguage, on sait que même dans un jardin, sans arrêt de nouvelles mésanges arrivent ou repartent au grès des migrations, des déplacements alimentaires locaux, de la mortalité ou…de leur bon vouloir ! Cette année, les Chardonnerets sont particulièrement bien présents.

Une mangeoire peut accueillir ainsi une vingtaine d’espèces différentes de passereaux. Des observations inattendues peuvent avoir lieu comme un Pic épeiche suspendu aux cacahuètes fraîches que vous avez pris soin d’enfiler avec la coque en guirlande à un fil de fer. Une Fauvette à tête noire peut être candidate rare à hiverner alors que Pinsons du Nord et Mésanges noires nous viennent d’Europe du Nord, même si cette année ils sont bien plus rares que l’hiver dernier.

Une mangeoire n’est d’autant plus attractive que si vous avez un jardin riche en buissons, haies et arbres fruitiers. Elément important, ne garnissez les mangeoires que de novembre à février et jamais avec des aliments salés. Une ou deux fois par mois dans l’hiver pensez toujours à désinfecter à l’eau de Javel ou au vinaigre le plateau de nourrissage pour éviter les risques infectieux.

P Carruette 27 décembre 2020 crédit photo S Bouilland