Un rayon de soleil dans une douceur exceptionnelle début février, des jours qui reprennent en longueur leur combat contre l’obscurité hivernale et revoilà les prémices printanières de la nature. Oubliées, les rigueurs de fin janvier. Des passereaux entonnent leur chant territorial. Retrouver progressivement le chant de ces espèces sédentaires est toujours un moment des plus agréables. Ces concerts sont toujours plus précoces en ville où la température est plus douce et la lumière artificielle quasi permanente.
Les premiers mélomanes sont alors la grive musicienne et le merle noir. Bien à découvert sur une antenne de télévision ou au sommet d’un arbre, leurs notes flûtées s’entendent de loin. En milieu ouvert si le vent est absent, les alouettes des champs montent haut dans le ciel. L’alouette a l’habitude de fréquenter des milieux ouverts sans arbres, native à l’origine des vastes steppes de l’est de l’Europe. La naissance de l’agriculture a fait au départ sa prospérité en lui ouvrant de vastes habitats au départ défavorables.
Défendre son territoire entre terres et nuages, telle est l’obligation de ce passereau maintenant en déclin. Les mâles en bons propriétaires terriens, ont la main-mise sur une dizaine d’hectares de leur territoire. Avec l’arrivée des migrateurs en février-mars ou avec les voisins de ciel, les combats ont lieu en d’interminables poursuites en vol.
Un étage bien en dessous, dans la strate buissonnante, l’accenteur mouchet, discret de nature, a repris dès fin janvier ses notes claires en une douce ritournelle mélodieuse. Son voisin de buisson, le troglodyte, est beaucoup plus bruyant avec son chant tonique. Il faut bien se faire remarquer quand on est petit et terne de plumage !
Contraste aussi avec les chants plus puissants et courts en notes des mésanges charbonnières. On surprend des batailles de merles noirs plus excités que jamais. La trêve hivernale est bien rompue ! Les mésanges à longue queue, d’habitude toujours en bandes hyperactives, voient les couples s’isoler. Il va bientôt être temps de construire un superbe nid en boule, formé de lichens et de mousses. Cela prendra une bonne quinzaine de jours. Si les chants des oiseaux nous ravissent, c’est pourtant pour leurs auteurs des marques d’agressivité, une force de dissuasion par la voix. Pas de territoire, pas de reproduction future !
Ph. Carruette – 9 mars 2025 – © S. Bouilland