Dans les forêts de pins laricio du Marquenterre ou les hêtraies de l’intérieur, les grands Pics noirs deviennent plus visibles. Les premières gelées rendent plus difficiles d’accès aux habitants des fourmilières base de la nourriture de ce pic. Il lui faut alors être encore plus arboricole qu’en été pour décortiquer l’écorce de chaque arbre mort permettant de gober les grasses larves des capricornes. Le territoire déjà vaste s’élargit. Les jeunes de l’année sont obligés d’abandonner le territoire des adultes où ils n’étaient d’ailleurs que tolérés. Il arrive de voir alors passer des oiseaux en plaine ou au-dessus des estuaires à la recherche de nouvelles terres boisées. C’est comme cela qu’à partir des années 1950, venant des zones de montagne, qu’il a gagné les territoires de plaine. Il est arrivé en Picardie, dans l’Oise en 1963 et en 1977 dans la Somme en forêt de Wailly. Il peut maintenant s’installer dans des bois de plaine de plus petites surfaces, il n’a d’ailleurs pas le choix dans notre département à la très faible proportion de surface boisée. La présence d’arbres à gros diamètre, de bois morts, sont néanmoins des éléments indispensables à sa présence durable. Ambiance matinale magique de ce fantôme noir circulant de son vol voilé dans un océan de brumes forestières. Il est vraiment à la hauteur des grands massifs forestiers même s’il faute de mieux il semble pouvoir s’adapter à des zones boisées plus morcelées.
PCarreutte 30 novembre Crédit photo Renate