Dans les cours d’eau où il fut toujours présent ou dans ceux où il fut réintroduit on assiste fin mars au rut chez le Castor. Point de soucis de rencontres, l’animal imposant (jusqu’à 20 à 30 kilos !) vit en groupe familial, le couple avec la progéniture de l’année précédente. Cela n’empêche pas les adultes de bien marquer leur territoire grâce à la production de castoreum, une substance olfactive faisant de la moindre touffe d’herbe une borne à respecter par les voisins. Les deux ou trois petits vont naître trois mois et demi plus tard. A l’inverse de son cousin américain, le castor européen fait peu de grandes huttes et de spectaculaires barrages. Par contre les arbres abattus sont bien remarqués avec leur caractéristique coupe en « crayon » marquée par les larges traces des dents du gros rongeur. Les baguettes de saules écorcées sont aussi bien visibles. Le castor européen reste par lui-même discret et est surtout nocturne. L’animal fut réintroduit plus ou moins légalement au sud-est de la Belgique. Ce sont ses animaux et leurs descendants qui empruntant maintenant le réseau hydrographique ont gagné le Nord de l’Aisne sur certains cours d’eau de Thiérache poussant leur colonisation vers le département du Nord en empruntant la Deule. C’est un des rares animaux qui est capable de totalement modifier son habitat. Il contrôle le niveau d’eau sur son territoire et par des amas de végétaux il peut détourner le passage de l’eau pour créer des mares et espaces inondées supplémentaires avec des zones plus profondes. Cela peut ralentir des inondations sur un secteur ou en créer sur un autre, la cohabitation avec l’Homme peut alors être bénéfique ou poser problème selon l’utilisation des sols. Le castor se nourrit de l’écorce et de la végétation des arbres de milieu humide à peu de valeur économique comme les saules, bouleaux, aulnes mais il peut aussi être un voisin ennuyeux s’il s’attaque à des vergers. La pose de manchon en fer sur la base des troncs à hauteur de l’animal qui peut se dresser sur ses pattes arrière va éviter qu’il ronge les précieux arbres. Tout n’est jamais simple et encore moins simpliste, le retour d’espèces qui avait disparu de notre environnement quotidien va apporter des inconvénients mais aussi certains avantages qu’il va falloir pour certains d’entre nous vivre en direct sur le terrain (et non en virtuel et en théorie !) et qui, sont souvent très loin d’être évidents à composer ! Serais ce que l’on appelle la vie dans toute sa grande diversité !
P Carruette 31 mars 2024 Crédit photo Siegfried Poepperl