Terre de Brumaire aux couleurs noir labour…
Les sols de nos champs se sont ouverts sous l’assaut des socs multiples des charrues. Une diversité de proies remonte ainsi à la surface. Larves fil de fer de taupins, vers gris de noctuelles ou, plus rares, vers blancs de hannetons vont vite devenir la proie des corbeaux freux. Leur puissant bec, dénudé à la base, fouille le sol remué. Attentifs au moindre mouvement, rien ne leur échappe. Leur démarche de dandy aux culottes de plumes est des plus comiques.
La terre picarde est parfois noire de freux (froid en vieux français) comme sur les toiles des peintres flamands. S’ils nichent en colonies dans nos peupleraies, nombre d’oiseaux venus de Fennoscandie mais surtout de Pologne ou de Russie fuient le froid de l’Est pour hiverner sur les plateaux picards. La grande majorité des freux russes hivernent cependant au Moyen-Orient… Si nos nicheurs locaux sédentaires (350 000 couples en France) ont tendance à augmenter leur aire de répartition, les hivernants nordiques sont de moins en moins remarqués en migration active notamment sur notre littoral. Les changements climatiques font qu’ils ont tendance à migrer moins loin et à hiverner sur des zones plus septentrionales. Depuis le début des années 1990, la très nette baisse des comptages en migration sur les sites de passage dans le sud-est de la France (Haute Savoie, Ain, Ardèche….). Les freux ne migrent en groupe que de jour, en milieu de matinée. Lors de belles journées chaudes de novembre, ils peuvent même utiliser le vol plané en haute altitude.
Ph. Carruette 4 novembre 2023 © Alicia Chan